Je Me Suis Evade D'Auschwitz by Rudolf Vrba

Je Me Suis Evade D'Auschwitz by Rudolf Vrba

Auteur:Rudolf Vrba [Vrba, Rudolf]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782859566616
Éditeur: Editions Ramsay
Publié: 2013-08-20T04:00:00+00:00


Après ma rencontre avec Wiglep, mes conditions de vie s’améliorèrent considérablement pour ne rien dire de ma tranquillité d’esprit. Aussi longtemps que je resterais au kommando Canada, je ne mourrais pas de faim, le patron m’avait accordé un répit et ce n’était pas ses sous-fifres qui discuteraient sa décision.

Cependant, la situation générale du camp se détériorait rapidement. Le nombre des musulmans augmentait. Les listes des typhiques s’allongeaient et les rumeurs transmises par le téléphone arabe disaient que l’existence à Birkenau était encore plus épouvantable.

Je savais très peu de choses sur Birkenau. J’avais vu les flammes, signaux alarmants des crématoires, rougir le ciel. J’avais vu des milliers de gens grimper dans les camions, être dirigés vers ces flammes pour leur dernier voyage. J’avais entendu dire, comme tout le monde au camp de base, qu’à côté de Birkenau, Auschwitz ressemblait à un sana.

Ces quelques faits et ces vagues rumeurs auraient dû être suffisants pour me convaincre de rester aussi éloigné que possible de Birkenau. Et pourtant, pour un certain nombre de raisons, je voulais en savoir davantage.

En premier lieu, j’avais commencé à établir des statistiques sur ces assassinats de masse quotidiens. Tout en travaillant sur la rampe, j’avais soigneusement enregistré dans ma mémoire chaque train qui arrivait et le nombre total de ses occupants dans l’espoir que tôt ou tard je serais en mesure de faire connaître au monde libre ces horribles chiffres.

À Birkenau, cependant, se déroulait l’histoire dans toute son horreur, la rampe n’étant que le sinistre préambule.

En second lieu, j’avais l’idée qu’il serait plus facile de s’évader, statistiques en tête, à partir de Birkenau. À l’aide d’un vieil atlas que j’avais trouvé au Canada alors que je travaillais au tri pendant ma convalescence, j’avais pu repérer assez précisément notre position géographique. Je connaissais bien le tracé du camp de base et l’importance de son dispositif défensif et je voulais à tout prix découvrir si Birkenau était aussi solidement fortifié.

C’est ainsi que lorsque l’on eut besoin d’hommes pour une journée de travail à Birkenau, je fus immédiatement volontaire. Une demi-heure plus tard j’étais trimbalé vers le cœur même de la machine à exterminer d’Himmler, la plus grande du monde, content d’avoir réussi à me faufiler dans ce groupe et à mille lieues de me douter du choc que j’allais ressentir.

Au départ, je ne me souciais que du froid. C’était une glaciale journée de décembre que j’étais à même toutefois de supporter puisque sous ma chemise rayée je portais un gros pull en laine que je m’étais choisi aux grands magasins Canada.

Tandis que l’on entrait lentement à Birkenau, toutes les considérations sur le temps qu’il faisait et même sur Auschwitz disparurent. Soudain à une centaine de mètres, dans un enclos séparé, entouré de barbelés, je vis au moins dix mille femmes nues, bien alignées en silence.

Autour d’elles, étaient postés des SS en uniforme vert, et au-delà quarante à cinquante camions. La distance atténuait l’horreur de la scène, assourdissait tous les bruits, et pourtant ce silence désespérant la rendait encore plus sinistre à



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